Risque de black-out : la voiture électrique fera-t-elle sauter le réseau ?
Publié le 05 juillet 2018 à 13h00 | Mathieu PARAIN | 3 minutes
Selon une récente étude prospective de la CRE, l’arrivée massive des véhicules électriques en France pourrait être absorbée par le réseau
ETUDE – L’arrivée en masse des voitures électriques au cours des prochaines années en France n’y fera pas bondir la consommation, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE).
La consommation d’électricité en France restera stable ou baissera légèrement d’ici à 2035 malgré l’essor attendu de la voiture électrique, selon les conclusions d’une étude prospective menée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). La baisse attendue de la demande d’électricité dans la plupart des autres secteurs de consommation conduit à rendre « tout à fait absorbable » la gestion de la future demande induite par le développement du véhicule électrique, explique la Commission. D’ici 2035, entre 3 et 15 millions de véhicules à faibles et très faibles émissions polluantes devraient être mis sur route en France, contre moins de 200 000 actuellement.
Des prédictions optimistes pour la France
Le CRE d’avertir toutefois qu’au cas où l’hypothèse « maximaliste » de 15 millions de véhicules se réalise, cela se traduira par un regain de consommation totale d’électricité. Une hausse, qui, selon ses prévisions, resterait toutefois stable par rapport aux chiffres de consommation actuels. La CRE, qui souhaite « éclairer l’avenir de l’énergie en France », estime par ailleurs que des progrès technologiques couplés à des offres tarifaires « attractives » doivent être envisagés dès aujourd’hui pour permettre au réseau d’absorber le développement de la mobilité électrique.
Le scénario redouté d’un « black-out » électrique semble donc a priori écarté pour la France, même avec l’arrivée massive des voitures électriques sur le marché, selon la CRE. Une prédiction optimiste qui rejoint celle dévoilée récemment par la société EDF, qui prévoit pour sa part une faible hausse de la consommation d’électricité dans l’Hexagone au cours des deux prochaines décennies, comprise entre 0 et 0,5 % par an.
Privilégier l’option « power-to-gas » pour le long terme
Dans son étude, la Commission de régulation estime que les voitures électriques pourraient devenir « le nouvel électroménager des consommateurs » grâce à des batteries qui serviraient à stocker et déstocker de l’énergie, jouant ainsi le rôle d’auxiliaires des réseaux électriques en absorbant les excédents de production et en les restituant à la demande lors des pics de consommation. Mais les systèmes de stockage d’énergie à partir de batteries usagées représentent, selon elle, seulement une solution de court terme, d’ « avenir immédiat ».
L’horizon énergétique lointain de la France devrait être aux solutions dites de « power-to-gas », qui permettent de produire de l’hydrogène décarboné, voire du gaz propre à partir d’excédents des renouvelables. Une option qui « nécessitera un soutien financier massif des pouvoirs publics et d’investisseurs privés », prévient-elle toutefois.