Essai Mercedes Classe B ED : le monospace électrique (+ photos)
Publié le 22 février 2015 à 10h00 | Fabrice SPATH | 9 minutes
Commercialisée depuis juillet 2014 aux Etats-Unis, la Mercedes Classe B ED est arrivée dans les concessions françaises fin 2014
Première voiture électrique du constructeur allemand, la Mercedes-Benz Classe B Electric Drive (ED) est également le premier monospace compact 100 % électrique du marché. Commercialisé depuis la fin 2014 en Europe, la Classe B ED conjugue habitabilité, performances et économies à l’usage. Essai détaillé à son volant.
Deuxième modèle électrique du groupe Daimler
Le groupe Daimler n’en est pas à son premier modèle électrique. Dès 2007, l’industriel a lancé une version électrique de la smart baptisée Electric Drive (ED). Huit ans plus tard, la petite puce en est à sa troisième génération et plus de 10 000 unités ont été commercialisées dans le monde. Au sein du groupe, Mercedes-Benz était jusqu’il y a peu dépourvu de véhicule à propulsion électrique. La priorité avait été donnée à la technologie hybride, qu’il s’agisse d’une combinaison essence-électrique ou diesel-électrique. Plus récemment, Mercedes a démarré la commercialisation de ses modèles hybrides rechargeables appelés Plug-in Hybrid. Après la Classe S 500 rechargeable apparue au catalogue européen à l’automne dernier, la Classe C 350 Plug-in Hybrid sera disponible à la commande dès le mois de mars prochain. D’ici 2017, la firme de Stuttgart disposera de 10 modèles hybrides rechargeables.
Une seconde génération restylée à l’automne 2014
Investissant chaque année 5,6 milliards d’euros à l’effort de Recherche & Développement, Mercedes-Benz consent quelques 2,8 milliards d’euros aux seules motorisations « alternatives ». Si la technologie hybride, hybride rechargeable et hydrogène ont jusqu’à présent concentré l’essentiel des investissements, l’électrique pur prend de l’importance chez le constructeur. En témoigne le lancement d’une plateforme technique destinée à 4 modèles 100 % électriques dont les lancements interviendront d’ici la fin de la décennie. En attendant, nous avons pris le volant de la toute nouvelle Classe B en version électrique baptisée Electric Drive (ED). Lancé en 2005 et produit à plus d’1 million d’unités, le monospace compact de la marque à l’étoile a profité d’une seconde génération en 2011. Présentée au dernier Mondial de l’Automobile de Paris (octobre 2014), sa version restylée fait évoluer la Classe B en douceur.
Une différenciation thermique/électrique très discrète
Le restylage de mi-carrière profite également à la variante électrique commercialisée depuis fin 2014 sur le Vieux Continent. Parmi les principales évolutions : des optiques redessinés, une calandre à deux lamelles, des boucliers avant et arrière légèrement retravaillés, un nouveau volant, une nouvelle instrumentation ainsi qu’un écran tactile 8 pouces installé sur la console centrale. Extérieurement, la Classe B électrique se différencie de ses sœurs thermiques grâce à l’absence de canule d’échappement, ses jantes alliage spécifiques et son badge Electric Drive collé sur la malle arrière. La version haut de gamme Electric Art de notre essai y ajoute des lamelles bleutées sur la calandre avant et des rétroviseurs extérieurs bleus. Si vous comptiez vous distinguez à son volant, c’est raté …
Une habitabilité équivalente aux versions essence/diesel
Dans l’habitacle, même son de cloche : la Mercedes Classe B ED reste une Classe B. Hormis l’instrumentation spécifique derrière le volant (avec indicateur de puissance et de récupération d’énergie au freinage), l’absence de levier de vitesses ou encore l’apparition d’un bouton Range Plus permettant de profiter de 30 km d’autonomie supplémentaire trahissent la présence d’un bloc électrique sous le capot. De même que la sellerie cuir à surpiqûres bleues de notre modèle d’essai. Installée sous le plancher du véhicule, la batterie à technologie Lithium-Ion n’empiète pas sur l’habitabilité du coffre arrière. Le volume de ce dernier s’offre même le luxe d’être équivalent à celui des versions thermiques (488 litres). Seul inconvénient : sur la variante électrique, l’option des sièges arrière coulissants n’est pas disponible. Banquette 60/40 rabattue, la Classe B ED offre un volume total de 1 456 litres (vs 1 547 litres sur les diesel et essence).
Une chaîne de traction développée par Tesla Motors
Si la Mercedes-Benz électrique est discrète et affiche une habitabilité équivalente aux thermiques, qu’en est-il de sa conduite ? Surprise pour les amateurs de cliquetis : la Classe B ED est silencieuse, très agréable à conduire au quotidien, offre des accélérations foudroyantes et un comportement routier digne d’une GTi. Le moteur électrique développant la puissance de 179 ch et le couple de 304 Nm disponible immédiatement font de ce monospace compact une véritable bombinette (le 0 à 100 km/h est exécuté en 7,9 s et la vitesse maximale limitée à 160 km/h). Passés les premiers kilomètres, on cesse les accélérations linéaires grandes consommatrices d’énergie pour se concentrer sur une conduite normale destinée à comprendre comment se comporte cette voiture électrique au quotidien. D’origine Tesla Motors, la chaîne de traction intègre une batterie d’une capacité de 28 kWh offrant sur le papier 200 km d’autonomie. Qu’en est-il dans la vie de tous les jours ?
Une autonomie réelle supérieure à 150 km
Après avoir testé la BMW i3 et sa batterie de 18,8 kWh, la Renault ZOE (22 kWh), la Nissan LEAF (24 kWh) et enfin la Kia Soul EV (27 kWh), on pouvait légitimement penser que la taille des batteries allait se stabiliser pendant quelques mois avant l’arrivée d’une nouvelle génération. Avec ses 28 kWh, la Mercedes Classe B ED fait mieux que ses principales concurrentes. Ce surplus de kWh d’énergie stockée dans la batterie permet au véhicule d’offrir davantage d’autonomie. Sur le parcours mixte de 207 km que nous avons réalisé à bord de la Classe B électrique, voici nos relevés :
-
64 km en environnement urbain (50 km/h) : 32 % de l’énergie consommée
-
117 km sur route (90 km/h) : 73 % de l’énergie consommée
-
26 km sur autoroute (110 km/h) : 27 % de l’énergie consommée
L’essai a eu lieu sur deux jours avec une recharge intégrale de la batterie à l’issue du premier jour. Le chauffage ainsi que la climatisation ont été utilisés sans excès.
3 modes de conduite pour piloter l’autonomie
Pour piloter l’autonomie de la Classe B ED, vous pouvez choisir entre 3 modes de conduite sélectionnables depuis les palettes situées derrière le volant :
-
E + : mode le plus efficient qui réduit la puissance du moteur à 94 ch et sa vitesse maximale à 110 km/h (idéal en ville)
-
E : mode économique qui réduit la puissance à 134 ch mais permet de disposer de la totalité des équidés avec la fonction kick down (accélération pied au plancher)
-
S : mode qui délivre la totalité de la puissance (179 ch) et augmente la réactivité de l’accélérateur
Au quotidien, sur un parcours mêlant ville et route, le deuxième mode E est optimum pour profiter des qualités du véhicule tout en ménageant l’autonomie. En ville, la Classe B ED est à son aise, bien aidée par une caméra de recul et des capteurs facilitant les créneaux. Avec le mode E +, le frein moteur est très puissant et permet de moins solliciter la pédale. Mieux : en option, Mercedes propose un système de récupération d’énergie (rechargeant la batterie) plus évolué. Associé au dispositif de freinage automatique avec fonction anticollision, ce système adapte le freinage aux conditions de circulation pour préserver l’autonomie de la Classe B ED.
Un excellent comportement routier
Sur les routes de campagne, le conducteur pourra profiter à plein du mode S et des 179 ch libérés par le bloc électrique (via le mode S). Et malgré ses 1 725 kg (300 kg de plus qu’une version thermique), le monospace compact est très convaincant. Grâce à sa batterie installée dans le plancher entre les deux essieux, le centre de gravité est plus bas que sur les autres versions. Une caractéristique qui, associée à une meilleure répartition des masses, rend la Classe B ED particulièrement efficace dans les virages serrés. Le couple moteur maximal de 304 Nm disponible quasi immédiatement offre des accélérations linéaires et des reprises très vigoureuses. Et ceux qui pensaient que la première voiture électrique de la firme de Stuttgart ne serait pas à la hauteur de ses sœurs thermiques en seront pour leurs frais. Quel que soit le terrain, la Classe B ED délivre un excellent agrément de conduite. Seul bémol : les jantes 18 pouces de notre modèle d’essai (finition Electric Art) et les suspensions trop fermes ont malmené nos vertèbres sur chaussée dégradée.
Range Plus : une option pour 30 km d’autonomie en plus
Autre preuve que la Mercedes-Benz Classe B ED n’est pas un simple véhicule « électrifié » : l’option Range Plus fait passer l’autonomie théorique de 200 à 230 km. Comment ? En exploitant toute la capacité de la batterie et en dotant son véhicule d’une isolation thermique renforcée ainsi qu’un parebrise à désembuage électrique, la marque à l’étoile offre contre 900 euros quelques km d’autonomie en plus. Concernant la recharge, la trappe ouvrant sur la prise de charge (type 2) remplace celle protégeant l’accès au réservoir à carburant. Livrée de série avec deux câbles de charge – un câble avec un boîtier de régulation permettant de brancher le véhicule sur une prise de courant domestique et un câble simple permettant de se connecter sur une borne de recharge –, la Classe B électrique se recharge intégralement en :
-
14 heures sur une prise de courant domestique
-
10 heures sur une borne de recharge « normale » (puissance de 3 kW)
-
2h30 sur une borne de recharge « accélérée » (puissance de 11 kW)
Bilan de l’essai, tarifs et concurrence
Commercialisé à partir de 41 100 euros – hors bonus « écologique » de 6 300 euros, un tarif incluant la batterie –, le premier monospace compact électrique du marché est disponible en 5 finitions. Bien équipée dès le premier niveau, la Classe B ED offre toutefois une longue liste d’options. Parmi les équipements disponibles en option, l’avertisseur sonore pour les piétons facturé 150 euros … Sans distiller le même agrément de conduite, une Mercedes Classe B 180 CDI diesel de 109 ch s’affiche à partir de 27 300 euros (bonus/malus neutre). Comparé aux 35 100 euros réclamés par la variante électrique (bonus déduit), le prix du diesel est évidemment plus attractif. C’est sans compter sur un budget carburant et entretien très en retrait de la version ED (moins de 2 euros les 100 km). Pour les entreprises, le véhicule sera totalement exonéré de la taxe sur les véhicules de société (TVS). Polyvalente, habitable et performante, la Classe B électrique constitue une alternative crédible pour ceux qui parcourent quotidiennement moins de 150 km.