Nissan LEAF et sa batterie : le sujet de la discorde
Publié le 11 avril 2018 à 17h00 | Fabrice SPATH | 3 minutes
Condamné aux États-Unis pour des pertes de capacité de la batterie sur la première génération de LEAF, Nissan est à nouveau sur la sellette après le lancement de la seconde
ANALYSE – Premier constructeur à lancer fin 2010 un véhicule électrique de grande série, Nissan commercialise depuis l’autonome 2017 la seconde génération de sa LEAF. Une berline compacte dont la batterie n’apprécie pas les longs parcours autoroutiers. Un phénomène qui n’est pas sans rappeler celui de 2012 où le constructeur a fait l’objet d’une « class action » aux États-Unis.
Première voiture électrique de grande série, la LEAF est aussi celle dont l’autonomie a régulièrement été relevée depuis son lancement fin 2010 au Japon. Dotée d’une pile Lithium-Ion d’une capacité de 24 kWh à ses débuts, la compacte assemblée sur trois sites de production mondiaux (États-Unis, Japon et Royaume-Uni) a bénéficié d’un restylage technique au printemps 2013 avant de recevoir début 2016 une nouvelle batterie de 30 kWh. Deux ans plus tard étaient livrés les premiers exemplaires de la seconde génération embarquant un accumulateur de 40 kWh offrant une autonomie moyenne de 240 km en conditions réelles d’utilisation.
Procédure aux États-Unis et dégradation
En 2012, plusieurs propriétaires américains du premier opus de la LEAF résidant dans la région chaude de l’Arizona ont lancé un recours collectif contre Nissan. Son objet : la perte substantielle de capacité de la batterie de leur véhicule liée à une exposition prolongée à des températures élevées. Finalisé en 2015, l’accord d’un montant de 24 millions de dollars conclu entre les deux parties a notamment permis aux plaignants de se voir remplacer à neuf leur accumulateur.
Le mois dernier, une enquête menée auprès de 283 propriétaires de LEAF 24 et 30 kWh a mis en évidence que la batterie la plus récente est impactée défavorablement par les cycles de charge/décharge tandis que la première l’est davantage dans la durée. Une dégradation plus rapide des cellules dont le corollaire est la perte d’autonomie. Si les données recueillies en connectant l’application LEAF Spy à l’OBD ne l’ont pas été de manière scientifique, la démarche peut être un bon indicateur pour qui souhaite acheter un véhicule d’occasion.
La charge rapide répétée en débat
Depuis quelques semaines, les vidéos sur Youtube et les tweets comportant le hashtag #Rapidgate se multiplient. Le système de gestion de la batterie – privée d’une régulation thermique efficace – limite volontairement la puissance des charges rapides répétées de la nouvelle LEAF, rallongeant de quelques minutes à plusieurs heures les trajets principalement autoroutiers. Face au mécontentement, les réactions des services de communication du constructeur sont disparates : Nissan Canada évoque un phénomène normal, garant de la pérennité de l’accumulateur qui n’apprécie guère les montées en température. Même stratégie sur les réseaux sociaux en France. Au Royaume-Uni, les équipes soulignent que le problème ne concernerait qu’un nombre réduit de véhicules.
Mais la réalité est toute autre : il est tout simplement impossible de réaliser plusieurs charges rapides sur un même parcours sans que la puissance soit limitée à environ 25 kW. Et le phénomène s’accroît lorsque la vitesse est soutenue et que le thermomètre grimpe en été. Si Nissan assure que ce cas de figure concerne une minorité de ses clients qui emploient la LEAF sur des trajets domicile-travail ou interurbains, le fait de ne pas avoir communiqué sur le sujet nuit à sa crédibilité. Et donne du grain à moudre à ceux qui doutent encore que le véhicule électrique a bien un rôle à jouer dans la révolution automobile que le constructeur a pourtant contribué à initier. D’autant plus que les modèles Kia, Hyundai ou encore Tesla ne souffrent pas de cet écueil.