Automobile : le Maroc à la conquête du véhicule électrique

Publié le 08 novembre 2016 à 09h00 | Fabrice SPATH | 4 minutes

La première borne de recharge publique du Royaume a été installée sur la station-service Shell à la sortie de Casablanca, sur la route de Marrakech

La première borne de recharge publique du Royaume a été installée sur la station-service Shell à la sortie de Casablanca, sur la route de Marrakech

Pour réduire sa dépendance aux produits pétroliers et ses émissions de CO2, le Royaume du Maroc ambitionne de voir circuler 700 000 voitures électriques d’ici à 2030. Pour parvenir à cet objectif, le pays qui accueille la COP22 à Marrakech va se doter d’un écosystème destiné à accompagner la croissance de ce marché quasi inexistant. Par Fabrice Spath, envoyé spécial à Marrakech.

 

Convention et cadre fiscal

Sur le Vieux Continent, la voiture électrique gagne progressivement en crédibilité auprès des automobilistes : hausse de l’autonomie, densification de l’infrastructure de recharge publique, généreuses aides à l’achat pour les particuliers et fiscalité des véhicules de société particulièrement attractive dans de nombreux pays pour qui l’électrique permettra d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 liées au secteur des transports et d’améliorer la qualité de l’air des métropoles. De l’autre côté de la Méditerranée où le niveau de vie est en moyenne 5 fois inférieur à celui des pays de l’Union européenne, le Maroc veut également favoriser le développement du marché du véhicule électrique. A la fois pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre – le Royaume s’est engagé dans une réduction globale de 12 % d’ici à 2030 –, pour réduire sa dépendance aux produits pétroliers intégralement importés mais aussi pour faciliter la transition énergétique.

Accueillant dans la ville de Marrakech la 22e édition de la conférence des parties (COP22) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (du 7 au 18 novembre), le Royaume chérifien a trouvé l’occasion de mettre en lumière ses ambitions sur le terrain de la mobilité électrique. Après la signature au printemps dernier de la Convention Pour le Véhicule Electrique au Maroc (CPVEM) réunissant opérateurs publics et privés, les autorités souhaitent mettre en place un véritable écosystème destiné à accompagner l’essor du marché des modèles à batteries Lithium-Ion qui, de l’aveu même de ces dernières, sera dans un premier temps principalement cantonné aux seules flottes captives (grands groupes, collectivités et administrations). Pour parvenir à séduire ces acteurs, le projet de loi de Finances 2017 prévoit de modifier le barème des chevaux fiscaux qui ne prend actuellement pas en compte les émissions de CO2 des véhicules.

Voiture électrique Maroc 

Sensibilisation et écosystème

D’autres mesures incitatives pourraient également rapidement voir le jour, parmi lesquelles une TVA et une vignette automobile à tarifs réduits ou encore l’exemption d’une partie des droits de douane. Les réseaux publics de bornes de recharge ne sont pas oubliés et la priorité d’équipement est donnée aux grands centres urbains de Casablanca et Tanger. Pour promouvoir la mobilité électrique sur son territoire, le Maroc souhaite également lancer des audits énergétiques à destination des flottes d’entreprises et mener des campagnes d’information et de sensibilisation auprès du grand public (dont l’épreuve du championnat du monde de Formule E les 12 et 13 novembre à Marrakech). Une série de mesures dont l’objectif est de doper les ventes de véhicules électriques et d’atteindre les 700 000 unités en circulation à l’horizon 2030 (soit 10 % du parc avec une moyenne annuelle de 60 000 mises à la route). Un renouvellement du parc qui profitera à la balance commerciale du pays et à la réduction de la consommation d’énergie des transports.

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Premier consommateur d’énergie avec plus de 40 % de la consommation nationale en énergie finale, le secteur des transports représente également 23 % des émissions de CO2 du Royaume. A l’initiative de l’Alliance Renault Nissan, de l’équipementier Schneider Electric, de l’entreprise marocaine M2M – spécialisée dans les solutions de paiement électronique – et de l’Agence Nationale pour le Développement des Energies Renouvelables et de l’Efficacité Energétique (ADEREE), le Consortium lancé au printemps dernier aura pour mission d’atteindre les ambitions de l’Etat. En attendant que les premières mesures soient prises et que l’effet COP22 ne retombe dès la clôture de l’événement, la société Vivo Energy Maroc qui commercialise les carburants de la marque Shell dans le pays vient d’installer une borne de recharge dans sa station située à la sortie de Casablanca. La première d’une longue série …

Fabrice SPATH

Fabrice SPATH

Cofondateur du site, Fabrice roule en électrique la semaine et en hybride rechargeable le week-end. Après être passé par la case ingénierie chez des constructeurs et équipementiers outre-Rhin, il collabore régulièrement avec la rédaction et travaille au développement de la place de marché.

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